Résidence artistique avec Anna Filimonova avec option « stage » du 14 au 18 juin 2021

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   Anna Filimonova est à l’origine de la plateforme WWW://frenchpleinairpainters.com/   Plus  artiste pratiquante et organisatrice qu’enseignante Anna offre néanmoins quelques stages par an pour transmettre sa démarche et developper l’approche pédagogique de peinture en plein air.
Voici ce qu’elle confie par rapport au plein air dans sa vie.

Pratique de plein air dans ma vie d’artiste Anna Filimonova

Pratique de plein air dans ma vie d’artiste Anna Filimonova

 

Pourquoi j’aime tellement la peinture en plein air, même si ce n’est pas ma pratique principale. En tant que peintre professionnel « académique » je considère le plein air avant tout comme un exercice,

En revanche c’est un exercice qui fait partie de mes plaisirs personnelles . Je suis toujours prête pour partir peindre en plein air, tout particulièrement quand il neige à Paris. Oui, le jour de neige à Paris, vous êtes sure que je vais abandonner n’importe quelle urgence et je vais me mettre à peindre… au moins sur mon balcon voire dehors ;

 

Je retravaille rarement mes études de plein air, souvent ils restent dans son jus, c’est leur fraicheur qui m’est chère et ce n’est pas essentiellement cela que j’expose le plus et ce que je vends . La peinture en plein air c’est comme des gammes pour un pianiste, comme la barre pour un danseur, je crois qu’on doit toujours pratiquer des croquis pour le dessin et la peinture en plein air quand on est peintre…

Et puis, cet exercice je le considère comme vraiment essentielle pour tout artiste qui veut toucher à la discipline
« peinture » . On ignore presque tout de la couleur si on n’a jamais peint en plein air… D’ailleurs dans mes cours j’ai remarqué que pour ceux qui sortent peintre en plein air pour la première fois en âge déjà mure cela représente souvent une véritable révolution.

 

Dans ma formation russe on pratique la peinture en plein air dès plus jeune âge. Et d’ailleurs quelle qu’elle soit l’école… Il est vrai que j’ai fait la meilleure école qui existe – celle de Saint-Pétersbourg et j’ai commencé au collège-Llycée des beaux arts Ioganson très spécialisé qui sélectionnait les enfants sur concours sur tout le territoire de l’Union Soviétique… C’est au collège 3 fois par an pendant une semaine avant les vacances scolaires on n’avait plus de cours et on sortait avec nos professeurs dans les parcs et jardins de Leningrad. C’est à l’âge de 12 ans que j’ai même vendu ou plutôt échangé aux touristes étrangers ( c’était évidement interdit en URSS vendre dans la rue surtout pour une gamine) contre un joli foulard style « Hermès » une mes premières aquarelles de plein air en peignant ce que s’appelle l’automne doré (une de nos saisons préférées pleine de couleurs ) dans le célèbre parc de Pavlovsk aux environs de Saint-Pétersbourg. ( Pour la petite histoire j’ai retrouvé cette œuvre sur les murs des beaux parents d’un ami à Tennessee 20 ans après –ils m’ont raconté l’histoire d’avoir rencontré une jeune fille russe peignant au parc lors de leur voyage en Russie)

Vous l’avez compris, le plein air faisait partie de la méthode pédagogique russe, on commençait à sortir pour peindre en plein air très jeune, d’abord toujours avec l’aquarelle – c’est cette technique qui est privilégiée dans la pédagogie russe pour les enfants et les jeunes. Ensuite on continuait à l’huile dès qu’on a appris à l’utiliser et mélanger ces couleurs.

Et puis déjà diplômés la plupart d’ artistes russes continuent à peindre plus ou moins souvent sur le motif. On sort en plein air durant toute notre vie, quelle qu’elle soit notre pratique .. à plus ou moins fortes doses et avec des techniques et des buts différents en fonction de son approche artistique, mais la plupart continue toujours.

 

En 2015 quand j’ai entendu le célèbre artiste non-conformiste russe Eric Boulatov âgé à l’époque de 85 ans dire que tout artiste qui se respecte doit pratique le pleinair, je l’ai aussitôt invité dans le jury de notre Concours International de peinture sur grand format en plein air en Normandie. Vous savez ce qu’il m’a dit ? «… Anna, ce sera avec plaisir… mais si je suis dans le jury, je ne pourrais pas peindre ? Cela m’attriste ! » N’est-ce pas significatif ?
Pourtant c’est artiste on ne peut plus contemporain, presque conceptuel, il a même eu sa rétrospective au Centre Georges Pompidou mais même très âgé il continuait à peindre et croquer en plein air lors de ses vacances et déplacements.

 

Pour ma part, maintenant j’ai autant de plaisir à peindre en plein air à aquarelle qu’à l’huile, même si j’avoue que la lourdeur d’équipement à emporter me freinait souvent quand je partais en voyages courts – pour ça j’ai longtemps privilégié mes blocs et mon aquarelle (toujours « white nights » de Nevskaya Palitra à laquelle je suis restée fidèle… ) et depuis quelques années les pinceaux Roubloff, dont je suis tombée amoureuse quand j’ai découvert que la qualité de ces pinceaux russes n’a rien à envier aux grandes marques occidentales et qu’ils ont des poils à toute épreuve…

J’ai toujours une petite chaise dans ma voiture, des stocks du papier de couleurs mi-teintes très utile pour aller vite et je m’autorise aussi avoir le blanc de gouache pour parfois avoir le repentis et les rehauts, mais je n’utilise jamais la gomme de réserve.

Quand je travaille en plein air à l’huile je préfère utiliser le chevalier de campagne russe le « étudnik « – cela vient du mot « étude » – qui s’exprime en français comme pochade – et c’est très représentatif – cet équipement est un peu plus léger que la boite chevalet « Julian », il contient vraiment tout sauf la toile et permet de faire des études rapides jusqu’au la taille 50X60, si on doit travailler sur les formats plus grands il faut changer du format de la boite.

Ce que j’aime le plus c’est pas juste sortir une demi-journée mais d’avoir plusieurs jours devant soi, ne pas être pressée, choisir mon heure, ma lumière, revenir plusieurs fois sur le même motif aussi.

Dans ma jeunesse étudiante chaque promotion de mon lycée et des l’Institut Repine de l’Académie des beaux arts avait ses destinations et on partait pour minimum 1 mois voire 2 de stages de plein air résidentiel, ( dans une nouvelle ville, avec plein de sujets à moins d’1 km à la ronde… et on vivait en autarcie, en peignant dès l’aube au coucher du soleil.  On revenait de ces voyages avec 60 -80 études des différents formats , ceci depuis l’âge de la classe de la troisième et jusqu’au sixième année du diplôme supérieure cela nous fait une dizaine de plein air longue durée . Cela explique pourquoi les russes sont tellement rompues à cette pratique… On était réellement « bibéronnés « avec elle.

 

Depuis la dernière dizaine d’année je constate que des plein airs artistiques collectifs deviennent de plus en plus prisés pour les artistes adultes pratiquement dans tous pays de l’Est et l’ex Union Soviétique, certains rassemblent des centaines de peintres, offrent des conditions formidables de gratuité des gite et couverts, ( souvent en échange d’une partie de la production) des nombreux musées locaux passent les commandes, font des castings pour attirer les artistes les plus réputés. C’est une forme du tourisme artistique qui permet de voir le monde et se montrer…

Autre phénomène est présent aux Etats Unis où le mouvement de l’impressionnisme californien est tout simplement gigantesque. Ces rassemblements vont jusqu’au 1000 personnes, peintres professionnels et amateurs confondus.
Il faut dire que même en France la peinture en plein air reprend petit à petit ses droits, requiert ses lettres de noblesses. Si le plus ancien événement « Concours de Magné « garde son rang, de plus en plus d’autres lieux et événements se font connaître sur cette thématique.

C’est pour cela que j’ai crée cette plateforme et j’emploie pas mal d’efforts pour developper nos plein airs collectifs en France et ailleurs

 

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